Wishing pink was the new blue and blue was the new pink

Publié le par Lucie

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(French followed by English)

Peut-être que cela n’a pas grand-chose à voir avec la traduction. Et pourtant, si l’on pense la traduction comme une façon d’exprimer son monde intérieur d’une façon qui soit intelligible pour le monde extérieur, alors si, il s’agit de traduction.

   Cette semaine est donc marquée par « La Rentrée ». Et pour nous les français qui pensons qu’un individu n’a pas à être défini par le fait qu’il est doté d’un pénis ou d’un vagin, il flotte dans l’air une odeur nauséabonde digne des pires moments de l’histoire. Personne n’a oublié le niveau des « débats » autour du mariage homosexuel l’hiver dernier. Je ne vais même pas en parler, ce serait leur donner trop de crédit. Mais ce que tout ce foin m’a fait comprendre, c’est à quel point la vaste majorité de la population française n’a pas ne serait-ce que le moindre commencement d’idée un tout petit peu évoluée concernant le concept de genre.

   Aujourd’hui je veux vous parler du rose. A Puteaux (92), la maire a offert de nouveaux cartables aux écoliers de primaire. Hic : les cartables sont sexués. Bleu pour les garçons, rose pour les filles. Et à l’intérieur, un petit cadeau : dans les cartables roses, un kit pour fabriquer ses propres bijoux, dans les cartables bleus, un kit pour monter son propre robot. Croyez-le ou non, en 2014 en France, il y a encore des gens qui ne trouvent pas cela ne serait-ce qu’un peu dérangeant.

   Je détestais le rose quand j’étais petite. Pour moi, cette couleur représentait tous les stigmates de ce que haïssais dans le fait d’être une fille. Je voulais pouvoir courir et grimper aux arbres sans avoir à m’embêter avec des robes et des petites chaussures précieuses. J’avais les cheveux courts parce que je n’avais aucune envie de devoir me les faire démêler par ma mère (et, vu les cris que poussait ma petite sœur à l’heure du shampoing, je savais de quoi je parlais). Je voulais jouer avec des jouets qui m’invitaient à l’action, au lieu de devoir m’identifier à une princesse qui attend son prince charmant. C’était Batman et Mighty Max pour moi, pas Barbie et Polly Pocket. Je n’avais que des copains garçons, et on m’appelait « mon petit garçon » et plus tard « jeune homme ». Mes parents m’ont laissée faire, je crois qu’ils étaient fiers d’avoir une petite fille si indépendante et casse-cou, et ils se disaient que j’avais tout le temps de trouver ma façon d’être moi. Pour eux le plus important c’était que je sois une personne heureuse et équilibrée – et je me rends compte à quel point ils ont été géniaux. Et au final je suis heureuse et équilibrée. Il y a bien eu un moment angoissant un peu difficile à passer, mais une fois que j’ai compris que je pouvais tout à fait être une fille qui aime les garçons à peu près autant qu’elle aime les baggys et le roller et qu’elle déteste tous les « trucs de fille », j’étais une ado de 16 ans tout à fait heureuse. Et c’est parce qu’il faut que les enfants puissent construire leur identité loin de tout stéréotype – qu’il soit raciste, économique ou sexiste – que ce qu’il se passe à Puteaux est effarant.

   Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, certaines universités proposent des chambres universitaires spécialement dédiées aux étudiants transgenres. En France, on en est encore au rose-pour-les-filles-et-bleu-pour-les-garçons. Je t’en foutrais moi, des « Sois belle et tais-toi » ! Permettons aux petits garçons d’aimer le rose, à l’instar de Jason dans True Blood. Permettons aux petites filles de voir plus loin que les accessoires de beauté 

   Et même, vous saviez qu’il existe du porno féministe ? Je me suis commandé un t-shirt qui dit «  I  love Fem Porm ». Et vous savez quoi ? Il n’est pas rose. 

 

***

 

Maybe this doesn’t have much to do with translation. But then again, if you think of translation as a way of making what makes you « You » intelligible for the outside world, maybe it does.

   So its back-to-school these days. And in France, for those of us who believe that individuals are free to live their lives as they choose independently of whether they were born with a penis or a vagina, these early September days have a definite hint of Inquisition / Middle Ages / WTF. Maybe you’ve heard about the appalling « debates » which were going on in France last winter, when the French government  was about to pass a law legalizing same-sex marriage. I’m not even going to go down that lane, its just not worth it. The real eye-opener for me was that it made me realize how very little French people knew of the issues approached by what Anglo-Saxons have coined « gender studies ».

   Today I want to talk about pink. There is a suburban town near Paris where last Tuesday, the day when kids went back to school for « la Rentrée », the Mayor (a woman) has been giving out new school bags. Only thing is, the schoolbags are gender defined. And heavily so. There are pink ones for the girls, and blue ones for the boys. The Mayor is feeling generous, and the bags enclose a little present: a DIY set to make your own jewellery / a DIY set to build your own robot – guess who gets what. Believe it or not, in 2014 in France, some people still don’t see what’s wrong with that.

   I used to hate pink when I was little. To me, it was like wearing the stigmata of everything that was so uncool about being a girl. I wanted to run around without being encumbered by frilly skirts and flimsy shoes. I wanted to wear my hair short so it wouldn’t get all knotty and my mum wouldn’t have to comb it out (by the looks of what my younger sister went through, it was painful). I wanted to play with toys which promoted action instead of sitting around looking pretty. I was Batman and Mighty Max of course, never Barbie and Polly Pocket. My friends were all males, and I was used to being called a « boy »and later on « young man ». My parents let me be, proud of raising such an independent and fierce little girl, and trusting that I would figure it out at some point. The most important thing for them was that I grew up to be a happy, balanced individual – and I love them for having that presence of mind. And I did grow up to be a happy, balanced individual –ultimately. There was a definite moment of panic when I wasn’t sure where I belonged, but once I understood I could perfectly well be a heterosexual girl who wears baggy pants, spends her weekends on rollerskates and hates everything which is dubbed « girly », I was a very happy 16 year old. But what if I had chosen to be a transgender, someone who crosses the borders of biological sex to create their own personal identity, one not defined by whether they pee sitting down or standing up (having said that, I know a man who pees sitting down, and his masculinity is none the least for it)? If that had been my choice (if I had felt like that choice was an available choice), I would want to live in a society which respects me.

   In the USA and UK, some universities have separate dorms for Trans students. In France, we’re teaching little girls to sit tight and be pretty, while little boys conquer the world. F*** that! Let’s have boys admit – like Jason in the show True Blood– that they like pink. Let’s have girls build robots. And did you know there was a thing called « Fem Porn » ? I’m getting a t-shirt which says « I ♥ Fem Porn ». And guess what ? It isn’t pink.  

 

Liens / links:

http://www.liberation.fr/societe/2014/09/01/a-puteaux-les-cartables-c-est-bleu-pour-les-garcons-et-rose-pour-les-filles_1091496

http://www.welovegoodsex.com/

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S
It's good to see you back on your blog ! You brought tears to my eyes this morning, when I read your article. Thanks for being you !
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